Aujourd’hui, j’écris encore sur la course à pied, mais j’ose croire que la pratique de ce sport que j’aime tant, avec ses hauts et ses bas, n’est pas très différente des difficultés de la vie en général. C’est pour cela qu’en écrivant sur un sujet aussi commun pour tous les mortels comme la déception, je souhaite encourager plus que la communauté des coureurs, mais chaque personne qui lira ces lignes.
Comme coureuse de trail, j’ai beaucoup de chance et le plaisir d’explorer certaines des plus belles montagnes d’ici et d’ailleurs. J’ai souvent terminé mes courses avec ce sentiment d’avoir dépassé toutes mes attentes tant au niveau du plaisir ressenti que de la performance. Mais comme tous les coureurs tôt ou tard, ce jour est arrivé où j’ai dû faire un abandon (DNF) sur un ultra marathon de 100km à la moitié. La déception qu’on ressent est humaine. D’ailleurs, ce n’est pas seulement en course à pied que ce sentiment peut surgir. La vie est faite de moments de victoires et d’autres d’échecs. Malgré ce constat, je vous assure que c’est une chose de savoir que cela peut arriver et une autre de le vivre. Lors de mon DNF même si j’avais cette conviction que c’était la bonne décision à ce moment-là, j’ai mis du temps à accepter mon choix dans les jours et semaines qui ont suivi. Voilà pourquoi j’avais envie de faire passer un message d’espoir à tous les coureurs. La déception finit par passer et la vie reprend son cours avec de nouveaux exploits à l’horizon.
Ne te limite pas à ce que tu vois
L’abandon d’une course suppose que ça ne s’est pas passé comme on l’avait imaginé. Dans ce cas, en plus de vivre une course difficile, le sentiment d’échec qu’on ressent après peut être rude et profond. Pourtant au delà de ce ressenti, il y a aussi des apprentissages autant au niveau technique que personnel. Oui, je sais, dit comme ça, on dirait que cela aide à se sentir mieux, mais non. C’est quelque temps après qu’on est capable de voir quelle leçon en tirer. Effectivement, on n’a pas été jusqu’au bout de notre course, mais on n’est pas moins gagnant qu’on pourrait le penser. Tout le travail qui a été fait pour se rendre à la journée de la course n’a pas été vain, le gain en force et en endurance sont des acquis qui restent, peu importe la finalité d’une course officielle. Je dirais même, surtout, qu’on gagne plus que les capacités physiques, on gagne en croissance personnelle.
Certes, il est difficile de voir et de penser à autre chose lors des moments de déception. Mais je voulais vous encourager à ne pas se limiter à cette fin. Et c’est vrai pour la course à pied que pour des études non terminées, un poste souhaité mais non obtenu ou encore un projet qui avait tout pour réussir et pourtant qui n’a pas décollé et pour bien d’autres situations. Ta capacité de vivre à nouveau ton rêve n’est pas morte. Oui, ce n’est pas parce que, par exemple pour une course officielle, tu n’as pas fini, réussi ou performé comme tu voulais que cela n’arrivera jamais. Après mon abandon sur un 100km sur route, j’ai complété plusieurs courses plus longues et plus dures. Pour moi, ça n’a pas été une fin en soi, mais une continuité avec une meilleure connaissance de moi-même et une leçon sur l’importance d’une bonne préparation que j’applique encore aujourd’hui. Alors, courez avec pleurs et difficultés, mais courez quand même. Avancez avec peur et incertitude, mais avancez quand même!
Aussi, il y aura toujours des gens qui vont vous dire que ce n’étaient pas pour vous de toute façon, que vous auriez dû rester dans ce que vous connaissez, mais ne les laissez pas vous arrêter. Si vous voulez plus, allez chercher plus. Si vous vous sentez capable de travailler fort et de contredire les statistiques et de démentir les préjugés, foncez! La déception et même l’échec ne déterminent pas ce que vous allez être demain, ils peuvent seulement y contribuer et c’est à vous de choisir quel rôle vont jouer les difficultés dans votre parcours de vie.
Accepter d’être alimenter par les autres pour ressourcer tes rêves
Dans ces moments où il est presque impossible d’aller de l’avant par soi-même, il faut faire des autres nos alliés. Je veux dire que nous pouvons regarder les autres évoluer avec envie, dans le pire des cas, avec jalousie ou au contraire, se laisser inspirer par ceux qui réussissent là où nous voulons exceller aussi. Il y a dans notre entourage peut-être des hommes et des femmes qu’on admire et qui peuvent être disponibles pour nous porter avec un cœur bienveillant de différentes manières, soit par des encouragements et/ou des conseils. Bon, je vous partage une petite parenthèse de ma vie de coureuse même si vous risquez pas mal de rire de moi. Dans mes débuts en course à pied, je n’avais pas beaucoup de cardio tellement qu’au bout de 5 minutes j’étais prête à abandonner et à rebrousser chemin. Et puis un jour, je me suis mise, pour m’encourager à avancer, à suivre deux coureuses croisées par hasard dans le parc où je courais parce que malgré un rythme soutenu, elles parlaient et riaient comme si rien n’était et cela m’avait impressionné. La stratégie a marché puisque j’ai fait quelques minutes de plus, avec peine et misère, mais l’essentiel c’est que j’ai avancé un peu plus loin. Depuis, j’ai gardé cette habitude bizarre et discutable, de courir derrière ceux qui peuvent me porter par leur rythme ou par leur énergie.
Par ailleurs, souvent des gens croient pour les autres, c’est plus facile, mais il faut l’accepter aussi pour soi-même. Si c’est possible pour les autres, c’est valable pour nous aussi. Les autres devraient être la preuve que nous pouvons et non le contraire. Malheureusement, dans la société actuelle la réussite des uns peut en écraser d’autres. Néanmoins, c’est un choix de regarder les autres comme un témoignage vivant de ce qu’on peut accomplir ou de les regarder comme d’éternels rivaux avec des exploits inatteignables. Vous vous doutez bien que je choisis la première option. Je ne suis pas spécialement sociale et souvent j’ai besoin d’être dans ma bulle, mais s’il y a une chose que j’ai appris dans ma courte existence, c’est qu’on a besoin des autres (qu’on le veuille ou non d’ailleurs) pour apprendre, grandir et voler par la suite de nos propres ailes. J’en profite pour souligner ma reconnaissance aux clubs de course dans lesquels j’ai couru, à mes amis partenaires de course, aux personnes que j’ai toujours croisé au bon moment pour un accompagnent dans mes courses officielles, à mes entraîneurs ainsi que les professionnels dont ma physio périnéale et ma chiropraticienne. Dans des moments de découragement et de déception les autres peuvent être un levier. Autant, j’en suis sûr, vous êtes là pour les autres, acceptez aussi la main tendue de quelqu’un pour faire un pas ou deux en avant.
L’attitude dans l’attente
Dans le monde de la course à pied, c’est rare qu’on passe d’une course à l’autre sans se mettre à l’entraînement de nouveau et s’ajuster au niveau technique. Et si la course précédente nous a laissé de la douleur ou carrément une blessure, cela rallonge le délai quant à la prochaine course officielle. Dans tous les cas, à la course comme à la vie, certaines situations nous amènent dans une période d’attente qui peut être plus ou moins longue. Dans ces moments-là, le doute et le découragement peuvent gagner du terrain. Par conséquent, c’est important le regard que nous portons sur l’attente dans l’accomplissement de nos objectifs. Ici, j’aimerais vous rappeler que le retard ne signifie pas le refus et l’attente ne conclut pas à l’impossibilité. Dans la course à pied, plusieurs rêvent grand et je m’en réjouis, mais comme dans la vie en général, les grands rêves impliquent une grande préparation. Et c’est dans ce processus que se dessinent la réussite, la victoire et les exploits. Alors, même si on peut se décourager à la vue du temps qui passe et des efforts non récompensés, n’abandonnez pas, le meilleur est à venir!
Je le disais, certes le temps peut sembler long, mais c’est peut-être dans ce moment où vous croyez que rien ne se passe que votre rêve prend place. Si vous m’aviez dit que les trois ans passées dans un camp de réfugiés étaient pour contribuer à la vie que j’ai aujourd’hui, je vous aurais sûrement regardé avec colère et incompréhension. Est-ce que quelque chose de bon peut sortir de la misère? Mes journées sans lendemain peuvent-elles tisser un avenir avec espoir? Vite comme ça, on répondrait non. Pourtant c’est dans cette période de ma vie où je vivais, ou plutôt, subissais la période la plus sombre de mon histoire que la porte vers le Québec s’est ouverte. La fille sans statut et sans identité était sur le point de renaître et d’exister enfin.
En terminant, c’est sûr que la persévérance, malgré sa valorisation, peut être bien frustrante quand nous sommes habités par la déception, mais la plus grande défaite en soi, c’est d’arrêter de se battre. Je vous assure que les batailles de la vie ne sont pas gagnées par les gens les plus forts, ni par une élite, elles sont gagnées par des hommes et des femmes qui choisissent de ne pas abandonner lorsque l’envie de le faire est au plus haut niveau. Si votre rêve tarde, semble mort ou encore les deux, ça ne veut pas dire que c’est fini et que ce rêve n’était pas pour se réaliser. Au contraire, chaque expérience, chaque obstacle est une opportunité de se préparer à vivre ton rêve. Car derrière chaque expérience positive ou négative, il y a une source d’apprentissage qui fera de vous une meilleure version de vous-même. À ce propos, dans une semaine, je vais être sur la ligne de départ d’une course en sentier de 10 km. Malgré le fait d’être déjà une ultra marathonienne, j’angoisse à l’idée de ne pas y arriver vu que c’est ma première course officielle depuis l’accouchement de notre deuxième enfant. Mais même si la course ne se passe pas comme je veux, au fond, je sais que mes entraînements en valent la peine non seulement physiquement, mais aussi mentalement. J’aime cette citation (désolé, je ne me rappelle pas de qui): «les efforts sont temporaires, mais la satisfaction de tes réalisations est permanente». Alors mettez à nouveau à vos agendas de bons projets et commencez dès maintenant à travailler sur leur réalisation!
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