Et si c’était vrai!

Auteure

LaGazelle

Publié

April 1, 2021

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Et si c’était vrai, c’est le titre d’un de mes livres préférés de Marc Lévy. Il est bien INSPIRANT pour moi, pas l’histoire comme telle, mais le fait que l’impossible peut devenir possible. Voilà, bientôt 20 ans que je suis au Québec et je ne cesse de me surprendre. Pour commencer ce nouveau chapitre de ma vie avec vous, quoi de mieux que de se rappeler d’où je viens. 

 

La peur au ventre

 

Née au Rwanda, j’avais seulement 8 ans quand ma vie BASCULANT en même temps que celles des autres dû au génocide de 1994 dans mon pays d’origine. Dès lors, diverses expériences feront l’entrée dans ma jeune vie et elles vont se succéder sans fin: deuils, pertes, déracinement, peurs, migrations, violences sexuelles, exploitations, etc. 

 

 

La vie au Québec

Lorsque j’arrive au Québec à 16 ans, j’ai le double de l’âge que j’avais en 1994, mais aussi j’aurais vécu l’immigration deux fois avant mon arrivée. Au Congo pour commencer et en Ouganda par la suite. Au Rwanda, j’étais rwandaise. Au Congo, on était avec ma famille considérée comme des immigrants volontaires. Et en Ouganda, on était pris en charge, avec mon frère, comme réfugiés dans un camp au nord du pays. Dans ce parcours, j’y perdrai plusieurs plumes, mais j’y GAGNERAI aussi des connaissances comme les langues, par exemple. 

 

Mais en gros, j’arrive ICI avec une expérience de vie plutôt lourde à porter. Elle est tellement condensée que j’ai l’impression d’avoir vieillie tout en n’ayant jamais bougée de mon enfance. J’arrive vide. Vide de vie, vide d’identité, vide de cœur. Je suis une adulte quant à mes instincts de survie, mais dans le corps d’une petite fille de 8 ans. 

 

À ce stade-ci vous vous dîtes peut-être: « mais où est la course à pied dans tout ça? Ce n’est pas un blog pour ça? » Patience, j’y arrive!

 

La vie dans la vie

Les premières années ici, je n’arrivais pas à vivre. J’étais morte en dedans. Inconsciemment, je n’avais plus le goût de vivre. J’ai compris plus tard qu’en réalité j’avais tellement de traumatismes que même si j’avais voulu vivre, je n’aurais pas su par où commencer. Tout mon corps, en fait ma vie au complet, voulait une PAUSE. Mais même si la volonté de vivre de cette petite fille était belle et bien étouffée par son passé, elle n’était pas morte. 

Donc, la seule chose (pas la seule, pour être honnête, mais une des choses) qui manquait à Lagazelle pour courir cette nouvelle vie, c’était le temps. Et c’est ici que des liens se font avec la course à pied. En tout cas, je pense que c’est là que j’ai commencé ma course contre la vie imposée et pour la vie choisie. J’avais seulement besoin de temps pour me reposer et reprendre un peu de souffle. Le premier cadeau que le Québec m’a fait en me recevant comme réfugiée n’était pas d’aller enfin à l’école ni de réussir dans la vie ou un truc du genre, mais simplement le fait de pouvoir souffler. Je pouvais arrêter de m’inquiéter constamment pour ma vie. J’ai donc profité de ce temps tranquille pour me sentir à nouveau en sécurité et pour oser sortir de ma coquille. Ça prendra aussi un peu/ beaucoup de temps pour se faire confiance et faire confiance aux autres. Je pense que vous l’avez compris, j’avais besoin de TEMPS TOUT COURT! 

 

Renaitre et grandir

Aujourd’hui, le temps a passé. En fait, pas mal de temps a passé. Et c’est sur ce continuum que j’ai croisé la course à pied comme telle. J’ai vraiment l’impression que j’étais faite pour devenir une coureuse. La différence c’est qu’avant je courais pour fuir et aujourd’hui je cours pour embrasser la vie. Lorsque je cours dans les montagnes des nuits durant, ce n’est pas pour le classement, même si bien sûr je vais au moins finir la course, mais c’est pour CÉLEBRER cette vie que j’ai eu sans la mériter et qui bouillonne en moi plus que jamais. Lorsque je me sens fatiguée pendant mes longues courses, je ralentis, je prends une pause, mais je n’arrête pas. Et quand je fais le témoignage de mon parcours migratoire, ce n’est pas pour ressasser le passé et ses souffrances, mais bien pour réaliser le chemin parcouru depuis « le temps » et de m’encourager tout en encourageant les autres, au passage, à continuer à avancer. 

 

Ce principe de se donner le temps ressemble beaucoup à ce que vous allez entendre lorsque vous voulez vous mettre ou remettre à la course à pied. Certains vous conseilleront de se laisser du temps et d’autres vous diront de s’écouter. C’est le même conseil que je vous donnerais si vous me demandiez à quand les progrès. Et si on pousse plus loin la comparaison entre la course et la vie, certains peuvent avoir l’impression de courir sans arrêt ou d’être dans un entraînement intense sans fin. D’autres pourraient être plutôt confortables dans leur course. Il y en a même qui sont en arrêt depuis un bout. Peu importe la phase dans laquelle vous êtes, je vous encourage à PERSEVERER. Aussi, on vous dira de vous donner du temps lorsque vous vivez, par exemple, une rupture; un deuil; un rétablissement d’une maladie ou d’une chirurgie; un découragement; etc. Ne jetez pas de pierres à ceux et celles qui vous le disent. C’est vrai que le temps aide, mais c’est vrai aussi que lorsque nous sommes dedans nous ne voulons rien savoir de ce que demain nous apportera comme remède. Ce que nous voulons, nous le voulons aujourd’hui. 

 

La vérité est que oui, j’ai passé des moments sombres. Oui, j’ai laissé tomber plusieurs fois. Oui, j’ai haï le monde entier pour mes misères. Et oui, je me suis découragée sur cette route qui mène à la vie que je voulais vivre, mais dès que j’avais un peu de force, je mettais un pied devant l’autre. Comme pour la course à pied, s’il y a une ligne de départ, c’est qu’il y a une ligne d’arrivée. Bon dans mon cas (peut-être le vôtre aussi), il n’y a pas qu’une seule ligne d’arrivée, c’est plusieurs petites victoires qui me rapprochent doucement mais sûrement d’une vie qui est de plus en plus au présent qu’au passé. Comme pour la pratique de cette activité sportive, quand je me blesse, je me soigne et je reprends tranquillement mes courses. Je ne vous promets pas une vie sans défis et sans problèmes, mais je vous assure qu’il est vrai qu’on peut se relever de chacun d’eux et POURSUIVRE SA ROUTE! 

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