Osez quitter la zone de confort. Au début, on se dit, mais pourquoi quitter si c’est confortable? Après on se dit que ce n’est pas parce que c’est bien que c’est ce dont nous avons nécessairement besoin. En effet, dans certaines situations, certains domaines, certaines saisons de notre vie, la zone de confort n’est pas mauvaise, au contraire c’est nécessaire! C’est l’ensemble des bases de ce que nous connaissons, celles sur lesquelles nous avons un peu le contrôle. Dans le langage commun, nous parlons de valeurs sûres! Ça peut être un endroit, des personnes, des habitudes, mais bien plus souvent c’est à l’intérieur de nous, ancré dans nos croyances, valeurs, et la façon dont on voit le monde extérieur à nous. Une zone de confort est rassurante et procure un sentiment de sécurité. Mais il faut parfois oser quitter lorsque cette aisance nous empêche d’avancer et d’atteindre la meilleure version de qui nous pouvons être personnellement, spirituellement, professionnellement et socialement.
Sortir de notre zone de confort ne signifie pas tout laisser en arrière et prendre un nouveau départ. Il se définit plutôt comme suit : nous nous faisons assez confiance et nous avons une base solide dans une sphère de notre vie pour aller chercher des outils supplémentaires, de nouvelles expériences, et tout ce que nous croyons manquer. En d’autres mots, c’est d’utiliser ce que nous maîtrisons pour nous permettre d’oser du nouveau. Ce « nouveau » dans une vie, l’enrichit inévitablement! Nous n’abandonnons pas ce que nous connaissons, mais nous cherchons à ajouter à notre personne. C’est ce cheminement qui s’appelle repousser nos limites!
Mais ne vous y trompez pas, à mon humble avis, trop de motivation à sortir de la zone de confort n’est pas mieux. Si c’est votre cas, il y a du travail à faire de votre côté aussi. Ah oui, trop, c’est comme pas assez. En effet, si du jour au lendemain, vous chambardez tout en disant qu’il faut sortir de votre zone, vous allez surtout vous cogner à un gros mur. Il ne faut pas jeter le bébé avec l’eau du bain. Des gens trop motivés vont tout faire trop vite et en même temps (c’est moi des fois) ils ne se donnent pas le temps de réfléchir et de choisir un plan de «match» avec des raisons saines et des objectifs réalistes. Dans le sport comme la course à pied, ils font face aux nombreuses déceptions et blessures. Souvent, ils vivent aussi l’épuisement. Appliquer la même méthode dans d’autres domaines aura les mêmes conséquences malheureuses. Une expérience aussi désastreuse ne pourra convaincre personne de continuer à sortir de sa zone de confort. Voilà comment la motivation non contrôlée peut conduire à la démotivation!!!
Pourquoi se donner tant de mal?
Nous aimons rester dans ce qui est confortable, ce qui nous rassure, ce qu’on connaît déjà parce qu’en ce moment là, on n’a pas besoin de prendre de risques. Mais comme à l’image d’un cadeau empoisonné, ce n’est pas toutes les zones de confort qui sont saines. Ce n’est pas toutes les zones qui durent indéfiniment, certaines sont supposées être temporaires. Et ce n’est pas parce que c’est bien au début que c’est bien après. Encore moins parce que c’était ce qu’il nous fallait hier que c’est ce qu’il nous faut aujourd’hui. La zone de confort passé date peut sérieusement nous pourrir la vie. Le pire, c’est que notre corps nous parle, notre entourage nous en glisse un mot, mais pour plusieurs raisons, des fois on choisit d’y rester même si on comprend qu’il est temps de changer. Malheureusement, cette chose réconfortante, mais pas si confortable, on en trouve dans tous les domaines de notre vie: emploi, activité physique, famille, couple, objectifs personnels, vie sociale, hygiène de vie, etc. Des routines pesantes en passant par des manières de faire et d’être qui nous tuent en dedans, autant d’occasions pour sortir un peu de cette zone et aller jeter un coup d’œil à la vie ailleurs et autrement.
Quand bouge de là?
Quand certaines valeurs sûres deviennent amères, c’est le temps de changer de zone, de décor, d’habitudes, de pensées, de vie. Lorsque le sentiment de confort fait place à celui d’incertitude et de remise en question, c’est le moment de prendre notre courage en main et d’essayer quelque chose de nouveau. Il arrive un moment où la routine sécurisante ne nous suffit plus, nous sentons que nous voulons ou méritons plus sans savoir comment faire. Là où nous disions : « je ne suis pas mal comme ça, pourquoi changer », aujourd’hui, nous sentons l’urgence de changer. C’est dans ce contexte que peu importe dans quel domaine ce malaise se trouve, il faut en sortir et tenter de faire les mêmes choses pareilles et différemment. Oui, pareil pour garder une base et différemment pour y ajouter «un petit je ne sais quoi»!
Et si vous avez trop toléré une situation, une routine, une habitude et maintenant vous vous sentez à la dérive. L’envie d’abandonner est peut-être plus forte que celle de changer les choses. Je ne vous juge pas. Dans mes moments les plus sombres, lorsque je m’isolais des gens et que je me laissais aller dans ma douleur, je savais très bien que ça me tuait à petit feu. Je savais très bien qu’au lieu de m’aider, ce petit moment d’intimité avec moi-même m’engourdissait, me paralysait davantage. L’inconnu me faisait plus peur que la souffrance. Des fois, on s’attache à ce qu’on connaît même si cette chose risque de causer notre perte. Pour moi, dans plusieurs domaines, la zone de confort était plutôt une grotte où je me cachais. Elle n’était pas confortable dès le départ et j’y suis quand même resté un bout. Dans tous les cas, comme je vous disais, notre corps nous le dit quand il est temps de se sauver de là, de sauver notre vie de cette situation. Donc, après quelque temps, je négociais avec moi-même pour trouver la force de sortir le nez dehors à nouveau. Je trouvais le moyen d’espérer à nouveau pour une vie meilleure.
Qu’est-ce qu’on y gagne?
Pour la course, on y gagne beaucoup! On dit qu’il faut être régulier dans nos entraînements pour progresser. Mais régulier ne veut pas dire la même chose jour après jour, la même routine dans vos sorties de course à pied. Le corps pour progresser a besoin d’être stimulé très souvent. On peut donc dire d’emblée que pour la course à pied, le corps n’aime pas rester longtemps dans la zone de confort. De plus, il a besoin d’une variation d’intensité dans l’entraînement. Tantôt des sorties pour travailler l’endurance, un autre moment pour faire des intervalles (course fractionnée) et inclure dans notre entraînement des longues sorties. C’est ce qui va vous assurer une progression efficace.
Mais la course à pied utilise aussi la même règle que pour la zone de confort. On ne quitte pas tout, on garde une base à laquelle on ajoute autre chose. En effet, pour la course à pied, l’effet yoyo ne marche pas du tout! Courir cinq fois par semaine pendant un mois et puis rien ensuite, ça ne marche pas. Le corps perdra le niveau pour lequel vous vous êtes donné tant de mal à acquérir. Il faut donc être régulier à long terme, même si c’est des sorties de courte durée (il y a des périodes où c’est plus compliqué en termes d’horaire). Donc, nous avons notre base sous forme d’une routine bien établie pour nos sorties de course à pied et nous avons des entraînements variés pour faire progresser le corps, le tout contenu dans une régularité à l’année si possible. Et c’est là que cette notion de rester dans une zone de confort tout en y sortant de temps en temps prend tout son sens. De la régularité dans la monotonie ne vous permettra pas de progresser, mais la variété de vos entraînements sans la consistance non plus. Je vous l’ai dit, pour la course à pied, sortir de sa zone de confort ce n’est pas une option si on veut progresser.
Par ailleurs, dans la vie de tous les jours, on est tous plus ou moins pareil là dessus, rester avec des gens qui ont le même code que nous, c’est quelque chose de facile et de confortable. On n’a pas besoin de s’expliquer ou de se justifier. Ces personnes savent qui nous sommes, d’où nous venons sans qu’on aille besoin de leur expliquer quoi que ce soit. Bref, on partage des visions et des valeurs communes qui sont rassurantes. Mais on risque de ne pas se remettre beaucoup en cause. On est entouré par des gens qui nous disent oui, oui, oui. De plus, on risque de vivre un appauvrissement dans nos connaissances. Lorsqu’on reste dans les mêmes cercles qui ont toujours les mêmes avis, la même culture, il y a une perte d’enrichissement. On s’appauvrit, notre culture est restreinte, notre univers aussi se restreint, et on se ferme sur l’autre, sur la diversité, sur le monde. On devient expert dans tout ce qui nous est familier, mais ça s’arrête là. Pourquoi? Parce qu’on ne se confronte pas au monde extérieur, on a moins bonne connaissance de ce qui est autour de nous. Donc, osez fréquenter des personnes différentes de nous culturellement, socialement, professionnellement, c’est extrêmement important parce que ça nous contraint à nous ouvrir vers l’extérieur. Et on y gagne la connaissance et l’enrichissement dans tous ces domaines.
Pourquoi n’ose-t-on pas quitter une zone de confort?
La peur de l’inconnu
Eh oui, cette peur paralysante qui nous fait voir les dangers dans toutes nos résolutions. Elle nous garde prisonniers de ce que nous connaissons déjà, de nos impressions et de nos anticipations. Souvent ce que j’ignore, ce que je ne comprends pas me fait spontanément peur. Donc, je vais m’en détourner. Mais revenons à la définition de sortir de la zone de confort qui est de profiter de la base solide pour se permettre d’aller chercher d’autres éléments comme des nouvelles expériences afin d’enrichir davantage notre vie! Cette définition ne nous parle pas des pertes. Elle nous invite à considérer que les ajouts peuvent être possibles. Bon, c’est vrai que ça peut faire peur de franchir la ligne selon la situation. Et loin de moi, l’idée de vous couper de votre peur. L’idée ici, c’est de lui donner la place qui lui revient, c’est-à-dire, une petite place. S’ouvrir à l’autre, c’est déjà décider de ne pas laisser la peur guider votre conduite. S’ouvrir au monde, c’est de se donner la chance d’avoir une nouvelle perspective des choses.
L’apitoiement sur soi
Oui, je suis désolée de vous le dire, mais l’apitoiement sur soi, c’est une façon de fuir le fait qu’un jour on va devoir faire face à ce qui nous ronge. Évidemment, on a tous le droit de gérer notre vie comme on l’entend. Donc, laissez-moi vous parler de moi pour ne pointer personne. La Gazelle a tourné autour de la même montagne longtemps. La montagne de: «si j’avais mon père, ma vie serait différente»; «si ma mère était avec moi, ma vie serait différente»; «si je n’avais pas été abusée, ma vie serait différente»; «s’il n’y avait pas eu le genocide dans mon pays d’origine, ma vie serait différente»; si j’avais eu une enfance normale, ma vie serait différente; si on n’avait pas changer mon nom dans le cas de réfugiés, j’aurais enfin une identité, ma vie serait différente»; bref, vous voyez l’idée. Et quand, j’avais fait le tour de la montagne de la victime, je recommence un autre tour. Mais qu’est-ce que ça a changé à ma situation concrètement? Rien, à vrai dire. Ça justifiait le fait de me laisser aller. Ça justifiait l’absence de l’envie de me battre pour cette vie qui n’était plus que vide pour moi. Ça m’autorise à rester dans ma douleur. De cette façon, je n’avais de compte à rendre ni à moi-même ni à personne. Et j’ai fait plusieurs tours de la même montagne jusqu’au jour où, je me suis dit que ce n’était pas une vie que de passer son temps à ruminer sur le passé et à étaler ses malheurs dans le présent. Jusqu’au jour où j’ai choisi de ne pas subir le présent comme j’avais subi le passé. Et si ça vous parle, je ne veux pas vous culpabiliser, mais vous encourager en vous disant que la vie que vous n’avez pas pu vivre hier, vous pouvez la vivre aujourd’hui.
L’ego
L’ego nous empêche de sortir de notre zone de confort par peur de ne pas être à la hauteur. Dans notre société de plus en plus perfectionniste, on veut bien faire et tout de suite. On veut donner l’impression d’être bon, même si c’est qu’une impression. On n’a pas envie d’avoir l’air «poche». Pour certains, le manque des connaissances signifie humiliation et non l’occasion d’apprendre. Donc, tant que les autres ne le voient pas, on préfère rester limité. Il y a aussi le regard des autres qui peuvent nous bloquer. Vous connaissez l’expression, « garder les apparences »? À vouloir sauver les apparences, on peut choisir de rester dans des situations critiques. Notre tête nous parle, notre corps nous fait signe, mais les « qu’est-ce qu’ils vont penser ou dire » remportent sur la réflexion. Mais est-ce que nous jugeons les autres pendant leurs apprentissages ou nous les aidons à y arriver? La croissance physique est tout à fait naturelle, mais la croissance en tant qu’individu est une quête personnelle à chacun!
La peur d’être défié
Comme je l’ai dit plus haut dans cet article, nous aimons être avec des gens qui nous ressemblent, qui pensent comme nous, qui sont d’accord avec nous, nous trouvent génial. C’est agréable d’avoir ce genre d’entourage et d’environnement. Mais fréquenter des gens différents, des gens qui vont avoir le courage de nous dire: «tu te trompes, tu n’es pas génial dans cette situation», ça mène loin les relations, ça rend les amitiés sincères et profondes. J’appelle ça un entourage de qualité! Ils peuvent vous dire non, et ils peuvent avoir une opinion différente de vous. Sortir de notre zone de confort dans nos relations, c’est d’accepter d’être défié par ces personnes externes à notre schéma de pensée. Ce n’est pas agréable sur le coup, mais en nous sortant de notre zone de confort, ça nous pousse à s’ajuster, à s’améliorer, à avancer. La différence devient alors un atout et non une menace.
Qu’est-ce qui nous reste à faire?
Chaque début d’année, on se définit des objectifs, mais si on ne vise pas plus haut que là où on est déjà, c’est sans intérêt, car on sera à la même place l’année suivante puisque la recette n’a pas changé! Pour beaucoup, on fait la même chose semaine après semaine dans notre vie, dans notre sport, mais c’est quand la dernière fois que vous avez confronté vos peurs et/ou testé vos limites. Sortir de sa zone de confort, c’est rêver: rappelez-vous ce que vous vous racontiez tout petit dans le bac à sable en vacances : Je ferai…, je viendrai… Alors, qu’attendez-vous?
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