Trois vérités sur le post-partum

Auteure

LaGazelle

Publié

August 5, 2022

Le post-partum, appelé aussi le post-accouchement ou le suites de couches, est une période qui s’étend de la délivrance au retour de la menstruation. Elle fut ignorée longtemps pourtant c’est une période que vivent toutes les femmes, je dirais même tous les hommes à des degrés différents. Le post-partum ne laisse aucun nouveau parent ou même expérimenté indifférent. Après deux grossesses menées à terme et donc deux post-partum, je vous partage ce qui ressort de mon vécu en espérant normaliser vos expériences ou encore renseigner de nouveaux parents.

  1. Votre vie ne sera plus la même

Ah que non, vraiment plus la même. Non seulement parce qu’il y a un nouveau venu dans la famille, mais c’est plus vaste que ça! Plus qu’un membre de la famille, le nouveau bébé rime souvent avec plus de ménage, plus de lavages, et j’en passe. Mais attends, il y a du moins aussi. Le classique, mais vrai, on dort moins en plus d’avoir peu de temps pour soi. Effectivement, c’est pendant cette période que votre routine n’aura jamais été aussi chamboulée puisque le bébé reste la priorité, le jour comme la nuit. C’est alors qu’on brosse les dents en après-midi, qu’on se douche de façon aléatoire, qu’on mange ce qui nous tombe sous la main, qu’on met le style au placard et même, il m’arrivait d’oublier de prendre les médicaments contre la douleur alors qu’après la césarienne c’est dûr de s’en passer tellement qu’on a mal.

Si on ajoute à cela des frères et sœurs, alors là, je n’hésite pas à appeler la période post-partum de la survie. Il devient absolument nécessaire de choisir ses combats et de revoir ses exigences envers tous les membres de la famille inclus nous (surtout nous-même). En effet, c’est le moment de lâcher prise sur les jouets du plus vieux qui traînent, de ne pas s’en faire parce que les linges propres s’accumulent sur la table faute d’avoir le temps de le plier et que ceux qui sont sales s’accumulent dans le panier par peur de les laver et d’oublier de les mettre à la sécheuse. C’est l’occasion d’être patient avec votre conjoint et conjointe qui a oublié telle chose ou qui n’a pas pensé à telle autre qui semble pourtant évidente. Plus vous êtes flexible, mieux vous vous porterez.

Aussi, si vous voulez survivre au post-partum, il est vraiment important de chasser la culpabilité dès qu’elle frappe à la porte. Je fais référence à toutes ces pensées qui vous rappellent que vous ne passez pas assez de temps avec vos autres enfants, votre conjoint ou conjointe, votre famille, vos amis, alors que vous avez à peine de l’énergie pour votre bébé. Je parle de se culpabiliser de mal manger alors que cuisiner et surtout avoir le temps de cuisiner devient alors aussi compliqué que de monter le Mont Washington. Je pense aussi aux idées folles de s’attaquer à la perte de poids de la grossesse, alors que dans mon cas, même se lever de mon lit était encore un défi il n’y a pas si longtemps. Je pourrais vous donner plusieurs exemples comme ça. Alors peu importe le visage que la culpabilité prend, ferme tout simplement la porte aussi longtemps que c’est nécessaire!

  1. Votre couple est mis à l’épreuve

Il faut se le dire, comme mentionné plus haut, l’arrivée d’un enfant prend tout le temps dont vous disposiez auparavant et il en reste presque plus pour le couple. D’ailleurs, c’est compréhensif, on n’arrive même pas à prendre soin de nous-même de façon décente, alors imagine lorsqu’il s’agit de penser au conjoint. Malheureusement, pendant le post-partum, il n’ y a pas que le temps qui est ennemi du couple. La fatigue et la routine répétitive nous accaparent au point d’en oublier l’autre. Il est si facile d’être emporté par la routine bébé (s) qu’on se rappelle  souvent du couple après la millième couche changée. C’est fou, avec la gestion des pleurs et des couches à changer, dans le meilleur des cas, on se croise et dans le pire on ne se remarque plus.

C’est vraiment une période difficile par le fait de ne pas pouvoir se retrouver ni en soi ni en l’autre alors qu’on reste, à la base, le couple sur lequel est fondé la famille. Il vaut mieux être déjà fort comme couple, car sinon vous êtes vraiment dans le trouble. En effet, car il ne s’agit pas seulement de tout ce qui a déjà été soulevé dans le présent article, mais votre communication aussi sera mise à rude épreuve, votre patience ainsi que votre amour. Les oublis, les incompréhensions et les désaccords peuvent vite prendre une ampleur démesurée quand la fatigue est de la partie.

Avec tout ça, si vous n’aviez jamais eu besoin d’utiliser des stratégies de résolution de conflits, c’est le moment de s’équiper de quelques outils pour bien communiquer, bien s’écouter et parfois, juste pardonner et aimer l’autre pour qui il est sans focaliser sur qui il n’est pas. Et si vous n’êtes pas du genre drôle, prenez des leçons, lisez les livres pour les nuls, faites n’importe quoi, mais trouvez une façon de rire ensemble. Parfois, il suffit juste de rire en dédramatisant et en prenant à la légère certaines situations. Finalement, communiquez! Même si ça peut être long et ardu de comprendre l’autre et de se faire comprendre, c’est des efforts qui en valent la peine.

  1. Votre santé mentale est ébranlée

Malheureusement, plusieurs mamans trouvent qu’après la grossesse, on est laissé un peu à soi-même. En effet, alors que des suivis se succèdent pendant qu’on est enceinte, la période post-accouchement ne comporte qu’un seul suivi en général avec son médecin ou chirurgien (ne) qui a fait la césarienne si tel est le cas. Étant donné ce manque de suivi et de soutien, bon nombre de femmes se trouvent seules face à leur nouvelle vie avec bébé. Oui, seule pour se remettre physiquement, mais aussi pour composer avec le moral souvent au plus bas. Il paraît que la chute des hormones y est pour beaucoup, mais pas seulement. Le manque de sommeil, les douleurs, le corps changé, le manque de temps pour soi, tous ces éléments jouent beaucoup sur l’état de santé mental pendant le post-partum.

Par ailleurs, je trouve qu’en plus de la fatigue, des inquiétudes, du manque de sommeil, on fait souvent le deuil de quelque chose après l’accouchement. Que ce soit le corps d’avant, l’accouchement rêvé, la capacité sportive d’avant, la vie à deux si c’est votre premier enfant, il y a toujours un truc que tu dois laisser aller en acceptant une finalité différente de celle souhaitée. Petite parenthèse sur ce que je trouve difficile. En plus des deuils liés à la course à pied, je pense qu’au premier accouchement, j’ai fait le deuil d’un accouchement naturel sans péridurale et le deuxième, j’ai fait le deuil d’un accouchement tout court en donnant naissance par césarienne dû à un placenta praevia. En effet, en lien avec la course, même aujourd’hui, je me demande encore où serais-je si je n’étais pas devenue mère. Je regarde avec impuissance mes niveaux de performance fluctuer alors que je rêve à nouveau de faire des ultra trail au Québec et ailleurs.

Tout en faisant le deuil des accouchements dont j’aurais souhaité, j’apprivoise à chaque accouchement le nouveau corps qu’il laisse derrière. Les remises en forme je connais maintenant. Déjà la deuxième fois  que je fais la réhabilitation du plancher pelvien, le renforcement musculaire et le retour à la course post-accouchement. La mauvaise nouvelle, c’est que c’est toujours aussi dur et décourageant par moment. La bonne nouvelle, c’est que je sais que je vais retrouver mes capacités physiques comme pour la première fois. Ce n’est qu’une étape à franchir, un mal nécessaire pour bien repartir la machine. Donc, loin de moi l’idée de me plaindre ou de pleurer sur mon sort, je dis seulement que je ne peux pas m’empêcher d’envier la personne que j’étais avant même si cette personne en réalité je ne voudrais plus l’être, car aujourd’hui, rien ne plus précieux que ma famille.

Finalement, une dernière chose qui peut affecter la santé mentale pendant le post-partum, en plus de la solitude et des deuils divers, c’est  la culpabilité. Oui, je sais que j’en ai parlé au début de cet article, mais je trouve que c’est vraiment important de ne pas tomber dans le piège de la culpabilité. Elle gruge notre énergie et nous mine le moral alors qu’elle s’attaque souvent à des choses dont on n’a pas le contrôle, c’est comme si on avait déjà perdu d’avance. Donc, je sais que ce n’est pas chose facile à accepter, mais la mère ou le père parfait n’existe pas. Ne laissez donc pas la culpabilité se nourrir de cette quête de perfection et soyez tout simplement vous.

Alors, que ce soit la chute des hormones ou d’autres causes, il est évident que les mères, mais j’ai envie de dire les pères aussi, vivent des situations et des défis hors du commun pendant le post-partum qui mériteraient de s’y attarder afin de leur offrir écoute et support. Je sais que tout cela peut sembler intense raconté comme ça. Toutefois, il est important de savoir que ce n’est qu’une période, une saison qui passe dans la vie d’un parent. Le but ici c’est d’en parler sans tabou, non pour décourager celles et ceux qui veulent devenir parent, mais au contraire de normaliser leurs vécus, de libérer la parole et de déculpabiliser plusieurs qui pensent à tort qu’ils sont seuls pour mieux vivre cette période.

Malgré la peur au ventre de tout ce qui ne reviendra plus comme avant, malgré les douleurs qu’on peut traîner dans le corps, malgré les imprévus de la vie parentale, je choisis de ne pas être esclave de la peur, je choisis la vie devant moi.

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