Alors que la saison de course est bien lancée pour plusieurs coureurs, aujourd’hui, j’aimerais m’entretenir avec vous sur les erreurs que j’ai commises malgré 11 ans de pratique de la course à pied. Au fur des années, j’ai eu une super amélioration autant sur des marathons sur route que sur des ultra trail, mais avec tout ce que je connais aujourd’hui, j’aurais pu mieux prendre soin de la coureuse en moi. Même si certaines erreurs sont aujourd’hui des leçons pour moi, n’empêche, qu’à la fois, elles ont limité ma progression et causées à plusieurs reprises de blessures. Voici donc ma sélection de 3 erreurs et les conseils pour ne pas les refaire.
Erreur #1: Enchaîner les saisons
Je ne suis pas une coureuse qui a plusieurs événements dans la même année. Je me limite à une ou deux courses officielles. Le problème c’est que j’avais tendance à m’entrainer toute l’année comme si j’avais des compétitions à chaque saison. Je m’attaquais à ma prochaine course et record personnel de fois un an en avance! Or, la vérité c’est qu’on ne peut pas faire des entraînements toute l’année et être à son top niveau le jour qui compte vraiment, c’est-à-dire celui de la compétition.
Cela fait seulement quelques années que j’ai découvert que la solution est de diviser l’année en cycles d’entraînement. Chaque cycle étant d’une durée de 15-25 semaines d’entraînement, ça nous permet de savoir quand est-ce qu’on est dans un entraînement en lien avec notre objectif de course et quand est-ce que c’est seulement de la mise en forme. À long terme, cela t’aide à progresser, à garder la motivation, et à focusser sur la performance de la course qui compte vraiment.
En plus, le fait de ralentir entre les cycles/saisons permet de faire un bilan au fur et à mesure de ce qui va bien et des éléments sur lesquels apporter des améliorations. En effet, pendant une saison nous faisons de bons coups, mais aussi des erreurs. Le but ce n’est pas d’éviter de faire des erreurs, mais le bilan permet d’apporter les changements aux facteurs sur lesquels nous avons le pouvoir.
L’autre avantage des entraînements par cycles est de pouvoir prendre du temps pour se reposer et célébrer nos efforts avant de passer à un autre défi. Alors que même pendant les entraînements il est recommandé de prendre un jour de repos par semaine ou encore 10 jours d’entraînement, après les compétitions, c’est plus conseillé! Effectivement, c’est important de prendre ce repos. D’une part pour récupérer physiquement et recharger ses batteries, car l’entraînement épuise le corps lui laissant plusieurs déséquilibres. D’autre part, il ne faut pas oublier ou négliger la récupération mentale. Et d’ailleurs, en trail, la pratique que je connais le mieux, les coureurs sont fatigués mentalement avant d’être fatigués physiquement. C’est donc vraiment important pendant ce long repos d’arrêter la course, de faire autre chose, de voir les amis, d’aller au cinéma, d’aller en voyage ou simplement de ne rien faire. Ce repos garantit une meilleure performance et apporte l’équilibre dans tous les aspects de notre vie.
Erreur # 2: Donner son 100% à l’entraînement
Cette erreur, je la fais souvent même si aujourd’hui j’en suis plus consciente. Même fatiguée, j’ai tendance à vouloir donner le meilleur de moi-même. Comme si je compétitionne avec moi-même. Alors que tous les entraînements ne se valent pas, c’est vraiment une erreur de s’épuiser à chaque entraînement. Si on donne notre 100% à l’entraînement, on ne va pas donner la même chose, au moment venu, à la course officielle. Je dirais que l’effort maximal est précieux et qu’on a un nombre limité où on peut donner ce genre de performance.
Le problème, c’est que lorsqu’on court tout le temps à 100% de sa forme, on risque d’accumuler la fatigue trop tôt dans le cycle d’entraînement et lorsque c’est le moment de donner son 100% on n’est plus là (physiquement et/ou mentalement). Pour éviter d’arriver le jour J épuisé et passer à côté de votre performance, il est sage d’éviter de finir les entraînements complètement finis sauf dans les rares fois où la séance du jour vise ce genre d’effort. Pour savoir si on a tout donné ou si on a été conservateur, il faudrait se demander, mettons qu’on a à poursuivre l’entraînement, si on serait capable de le faire. Le fait de ne pas donner son 100% peut nous faire croire que nous allons stagner voire régresser. Et si c’est votre cas, que vous pensez que ça va freiner votre progression, ce n’est qu’une impression.
Erreur # 3: s’affamer pour être léger
C’est un tabou, dans le monde de la course à pied, de parler des troubles alimentaires. On en parle pas trop alors que c’est un problème très répandu chez les coureurs. On sait aussi que les troubles alimentaires ainsi que les troubles de dysmorphophobie sont très présents dans le sport autant chez les femmes que chez les hommes d’ailleurs. Mais pourquoi c’est un problème de vouloir perdre du poids chez les coureurs? Si on cherche à trop perdre du poids en général, on finit par avoir des problèmes de santé dont plusieurs de blessures sportives.
C’est vrai que la perte du poids peut améliorer la performance, mais ce n’est pas garanti non plus et les études scientifiques là dessus ne sont pas unanimes. Plusieurs coureurs avec des morphologies différentes sont capables de performer de façon égale. Longtemps, j’ai été intimidée par des coureuses bien plus minces que moi à la ligne de départ d’une course. Force est de constater que nos résultats ont toujours démentis mon impression. J’ai alors appris à me faire confiance.
Par ailleurs, le danger avec cette recherche de perte de poids, c’est de finir par se rendre compte qu’on est devenu esclave de la balance. Il y a des coureurs qui ont tendance à se peser tous les jours, mais le problème reste de l’anxiété que cela occasionne. Or, je crois que le poids n’est pas le facteur le plus décisif. Je crois qu’il y a plusieurs choses à faire avant comme le volume, l’intensité, le sommeil, les exercices techniques, la biomécanique, etc. Mais si jamais c’est un sujet qui vous parle, que votre poids vous préoccupe, mon conseil est de consulter et d’être suivi dans votre perte de poids pour bénéficier des avantages s’il y a, mais sans, s’il y a, les inconvénients de la démarche.
Pour conclure cet article, j’aurais pu vous parler d’autres erreurs comme le fait de se comparer, ne pas faire de bilan de santé régulièrement, d’être accro à sa montre, etc. Mais derrière toutes ces erreurs, dans le sport, peu importe lequel vous pratiquez, l’important c’est de ne pas arrêter d’apprendre. Je crois à la connaissance dans le sport et je crois que nous sommes tous appelés à évoluer, car il y a énormément à savoir. Mais attention à ne pas souffrir non plus de trop de connaissances appliquées à la lettre. Gardez donc la curiosité, mais la légèreté aussi. Autre conseil, n’enlevez pas tout ce qui est important dans votre vie à cause d’un objectif sportif. Gardez vos amis proches, passez du temps en famille, cultivez votre vie spirituelle, ayez du fun autrement qu’en courant, c’est fou comment toutes ces choses vont contribuer à votre bien être et à votre récupération. Et oui, être épanoui fait partie aussi de l’entraînement. Sur ce, soyez sage!
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