C’est déjà mon dernier article avant la période estivale. Les six premiers mois ont passé très vite. On a parlé de santé mentale, d’équilibre de vie, des habitudes de vie qui peuvent nous faire prendre du poids, de la course par temps chaud, bref, c’est toujours un plaisir d’écrire sur des sujets variés et de vous amener dans le monde de la Gazelle.
Donc, dernier article, je disais, avant les vacances, et pas le moindre. Cela fait plusieurs mois que je souhaite écrire sur la pression sociale. Un sujet large, j’en conviens ! Pendant les fêtes de Noël, j’y pensais déjà en me disant que parfois on se met de la pression inutile pour bien paraître, plaire, ne pas décevoir, tomber en amour, rester dans la norme, etc. Cette réflexion me permet aujourd’hui d’aborder avec vous la pression sociale liée à la période estivale qui est à nos portes. Je vais vraiment y aller selon mes constatations, et humblement, je ne crois pas pouvoir faire le tour de la question en un article. Toutefois, j’espère que mes propos résonneront avec vos expériences et vous feront avancer vers un meilleur équilibre intérieur.
Activités estivales
Commençons par la question la plus populaire de la part de mes collègues et amis ces temps-ci : « Qu’est-ce que tu fais cet été ? » Question simple, pertinente, mais pas banale quand on y pense. Si certains sont à l’aise de partager leurs projets parce qu’ils partent en voyage à l’extérieur du Québec ou encore au chalet au bord d’un lac entre amis ou en famille, d’autres n’ont pas de plans dans ce style-là. Alors, la question que je me suis posée : est-ce que c’est acceptable socialement de dire autre chose comme « je ne fais rien (d’extraordinaire) pour mes vacances », soit par choix, soit par manque de moyens ? Est-ce que c’est considéré comme des vacances le fait de jardiner, d’écouter des films ou de dormir le plus possible ?
C’est peut-être juste moi, mais j’ai l’impression que lorsque j’écoute mes collègues parler de leurs plans pour l’été, il n’y a personne qui parle de rester tranquille chez soi, de participer qu’aux activités gratuites. Est-ce un hasard ou ce n’est pas à la mode de simplement se satisfaire des choses du quotidien ? J’espère que c’est le hasard, car sinon, ça suppose un monde où l’extraordinaire ne peut plus côtoyer l’ordinaire, alors que le bonheur se trouve aussi dans les simples choses de la vie.
J’ai une pensée pour ceux qui ne peuvent pas accepter une invitation pour une crème glacée un soir d’été, un pique-nique entre amis ou encore un 5 à 7 sur une terrasse, par manque de moyens financiers. Effectivement, cette pression de participer à diverses activités estivales cache aussi la pression financière pour ceux qui n’arrivent même pas à subvenir à leurs besoins de base. C’est sans compter qu’on dépense souvent plus que prévu au départ. C’est souvent l’enthousiasme du moment qui fait déraper la planification.
Il est normal de profiter de l’été relativement court au Québec, de célébrer et de créer des souvenirs en famille et entre amis. Cependant, du plaisir sans budget peut entraîner une honte sociale qui n’a pas lieu d’être et une pression inutile. Par ailleurs, même pour ceux qui ont les moyens, cette envie de profiter au maximum de l’été peut aussi conduire à des dépenses impulsives.
Alors, lorsqu’on invite quelqu’un à une activité payante, sommes-nous sensibilisés à sa réalité financière ? On ne souhaite à personne de payer ses vacances à crédit en ayant la pression de dépenser une somme qu’elle n’a pas ! Avec la situation financière difficile de bien des ménages et la crise du logement, profitons de nos activités gratuites ou payantes et souhaitons surtout qu’aucune famille ne se retrouve sans toit sur la tête dans les prochains jours/semaines.
L’apparence prend plus d’importance
La deuxième pression sur ma liste est celle de l’image corporelle, où tout est centré sur l’apparence. En période estivale, on appelle ça la pression du “summer body”. Avant, on voulait perdre du poids ou du moins rentrer dans son maillot de bain ou son short en jeans, et cette pression était déjà inquiétante. Aujourd’hui, on se regarde, non, plus que ça, on s’ausculte de la tête aux pieds. On remarque chaque nouvelle tache de beauté, nouvelle cellulite, chaque gramme de plus sur la balance, les cernes qu’on n’avait pas vus pendant l’hiver, bref, c’est le retour des complexes et des comparaisons aux autres.
Tranquillement, l’objectif d’être à notre avantage pendant la période estivale fait son chemin et un sentiment d’urgence s’empare de nous. Par conséquent, cette importance qu’on donne désormais à l’homme et son apparence conduit certains à calquer leur vie sur l’impératif de perfection, où il est difficile d’accepter un corps qui ne satisfait pas leurs exigences. Je sais que les médias (télé, journaux, publicité, internet, etc.) ont le dos large sur plusieurs sujets, mais désolée, il faut quand même que je les pointe du doigt. Je crois qu’ils contribuent à cet impératif de perfection en nous noyant d’images ou d’idées selon lesquelles l’homme peut être plus beau et que cette beauté a un lien direct avec son estime de soi. L’apparence (physique) prend de plus en plus d’essor dans la société, touchant surtout les adolescents, mais aussi l’ensemble de la population. Du coup, il commence à se faire rare de rencontrer des personnes qui n’ont pas cette pression d’être à la mode, de rester jeunes et de s’attaquer à toutes leurs imperfections pourtant humaines.
Juste cette semaine, alors que je faisais mes étirements avec une séance sur YouTube, la personne a commencé en disant : « …que ce soit pour perdre du poids ou préparer son corps pour l’été… ». En gros, ils ont des programmes de mise en forme pour tous les goûts, même pour ceux qui veulent être en forme juste l’été. Mais qu’est-ce que ça veut dire, “préparer son corps pour l’été” ? Moi, j’y vois une pression de répondre à certaines attentes sociétales concernant notre apparence physique, surtout pendant la période estivale. Et pas plus tard qu’hier, alors que j’allais entraîner une amie à Longueuil, j’ai vu une publicité qui parlait du rajeunissement du visage avant l’été. Ça m’a fait rire sur le coup, mais après j’ai pensé à toutes ces femmes et ces hommes pour qui ces mots vont résonner et ne feront que croître leurs complexes. Même si avoir des complexes est chose normale, même si plaire à soi-même est essentiel, malheureusement ce sont souvent les entreprises qui vendent les recettes magiques pour faire disparaître tout ce qui nous dérange dans notre apparence qui profitent de cet état d’urgence.
J’en profite pour rappeler que les hommes sont aussi de plus en plus nombreux à être préoccupés par leur apparence physique. Effectivement, les hommes consacrent de plus en plus de temps, d’énergie et d’argent pour soigner leur apparence physique dans le contexte de ce phénomène social de l’accessibilité d’un corps sans imperfection et d’images corporelles préfabriquées. Je ne vous dis pas que l’apparence (référence à la manière dont on se présente, on se perçoit, on se voit ou on s’estime) n’est pas importante. On peut avoir un soi idéal, c’est-à-dire la façon dont on voudrait être. On peut même se préoccuper de comment la société nous perçoit (le soi social). Là où ça pose problème pour soi et devient inquiétant, c’est lorsque la question de l’apparence prend toute la place.
Notre corps s’entretient tout au long de l’année. On ne peut pas se mettre la pression en avril de perdre du poids, de retrouver un meilleur teint, et même, pour certains, d’avoir le bronzage parfait d’ici juin. Cette pression n’apporte rien de bon ! On risque de se tourner vers des solutions (petit régime rapide pour perdre 10 kg en trois mois, mais reprendre les kilos dès octobre) qui peuvent être dangereuses pour notre santé.
L’idée qu’on peut tout donner durant l’été et que c’est gagné pour la vie… est une illusion, en plus d’être fatigante. Quel est le sens si on recommence le même cycle chaque printemps ? Chaque jour peut être un bon moment pour commencer à mieux prendre soin de nous. Mais donnons-nous le temps d’établir notre objectif, de trouver les moyens qui nous conviennent et d’intégrer le tout dans nos habitudes de vie 🙂 Et c’est quand la fin ? Le chemin du « prendre soin de soi » ne se termine jamais vraiment.
Code vestimentaire influencé
Et oui, depuis maintenant plusieurs années, on a fini par s’habituer à la mode ultra éphémère, “fast fashion” pour les intimes. Vous savez, l’impression que l’on pourrait changer notre garde-robe chaque semaine ? En effet, c’est impressionnant l’offre de vêtements à des prix aussi bas que moins de 5 $ inonde nos boîtes de courriel et nos pages de réseaux sociaux. En parlant des réseaux, on est souvent exposés à des photos avec des vêtements magnifiques, agencés, aux couleurs d’été, qui peuvent nous créer des besoins.
Au-delà du fast fashion et des réseaux sociaux, la période estivale ajoute une pression de se mettre ou remettre à la mode, car contrairement à l’hiver, on occupe l’espace public différemment. Que ce soit pour aller à la piscine du quartier, à la plage, à un 5 à 7, faire un pique-nique ou encore pour un voyage, on profite de l’extérieur un peu plus que lorsqu’il fait froid. Devant les nombreuses sorties prévues l’été, malheureusement, il est rare de se contenter des vêtements déjà dans notre garde-robe, dans un monde où porter plusieurs fois le même vêtement n’est plus tendance. Alors, on se dit : pourquoi pas une nouvelle robe, un nouveau short, pourquoi pas une nouvelle paire de sandales, et nous voilà tentés !
Je ne nous juge pas, je n’ai pas l’intention de pointer du doigt qui que ce soit, mais prenons le temps de faire une petite réflexion : pourquoi achetons-nous ? Autrefois, on achetait lorsqu’on en avait besoin. Aujourd’hui, on achète parfois pour se faire plaisir, et ce n’est pas mauvais, mais essayons de le faire pour nous-mêmes au moins, et pas pour plaire à autrui ou encore pour ressembler aux modèles encensés par les médias.
Je termine en disant qu’en dépit des messages qui incitent à une meilleure acceptation et un meilleur respect de soi, on subit encore une pression monstre à l’approche de la période estivale, même si on n’ose pas toujours l’avouer. Ensemble, nous pouvons résister aux pressions liées au “summer body”, au culte de la jeunesse, à une esthétique corporelle idéale et aux standards irréalistes qui plombent notre santé mentale et celle de notre portefeuille. La période estivale est synonyme de repos et de détente. Et j’en profite pour vous souhaiter de passer une bonne période estivale à votre image !
On se retrouve en septembre 🙂
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