Oui, la question a l’air simple voire banale, mais franchement pourquoi cours-tu? 

Moi, c’est simple et triste, je cours pour fuir quelque chose. Il fut un temps, je fuyais mes émotions, mon passé. Et puis, j’ai continué à courir pour fuir l’image de moi que je voyais dans le miroir. Comme de nombreuses filles et femmes, je n’aimais pas mon corps. Trop grosse, trop garçonnet, trop musclée des bras et des jambes, pas assez musclée des fesses et des abdominaux, chacune de ces pensées me donnaient la conviction que je devais courir plus, faire moins de musculation et alors, peut-être un jour, j’aimerais ce que je vois dans le miroir. En d’autres moments, j’ai couru pour fuir des disputes amoureuses ou des silences lourds. La course me donne une impression de ne pas avoir besoin de communiquer. Elle prend tout sans me demander de m’expliquer. Elle me prend comme je suis sans me confronter à mes émotions confuses et parfois fausses et exagérées. Et quand je ne m’y attends pas, la course m’amène à la rencontre de celles que je veux fuir. Je me reprends là où je me suis laissée et comme pour des intervalles, je pousse un peu plus les limites de l’impossible. Aujourd’hui, je fuis surtout la routine. La course reste pour moi, bien au-delà d’un outil de fuite, un bon sport qui m’aide à me maintenir en forme physiquement et psychologiquement. Un moyen de méditer sur soi, de se connaître, et de se surpasser. 

Si vous courez que pour des motifs sains et honorables, je vous admire. Si vous courez comme moi pour des affaires qui mériteraient plutôt un arrêt chez la ou le psychologue ou une bonne conversation avec son amoureux, n’arrêtez pas, vous trouverez dans ce sport bien plus que la fuite. 

Bonne course!